INFO D'EXPO

Que ce soit dans le bidonville de Kibera ou de Mathare à Nairobi, capitale du Kenya, il est aisé de repérer de nombreuses œuvres d'art populaire, comme des graffitis sur des tôles, des enseignes peintes à la main omniprésentes ou les minibus "matatu", ces toiles mobiles captivantes. Ces œuvres ne peuvent pas être simplement classées dans la catégorie de la 'culture traditionnelle' (culture tribale) ou de la 'culture élitaire (modernité)' (Barber, 1987). Elles proviennent plutôt d'artistes locaux qui ne sont pas issus des académies d'art, et qui sont souvent autodidactes ou considérés comme des 'amateurs'. Leurs œuvres, nourries par le quotidien, en sont également le reflet. Sur cette voie jalonnée de défis, certains abandonnent en cours de route, d'autres persévèrent et en font leur gagne-pain, certains se perfectionnent sans cesse pour devenir des artistes encore plus éclatants, tandis que d'autres établissent des espaces dédiés à l'art au sein des bidonvilles, choisissant de consacrer tout à l'éducation artistique. Bien que les conditions de vie locales soient extrêmement difficiles, que l'art ne soit qu'à la périphérie du système éducatif basé sur les examens, et que les ressources dans le domaine artistique soient rares, l'art pour les bidonvilles africains n'est pas un luxe qui va au-delà des besoins fondamentaux. Au contraire, il est profondément enraciné dans leur vie quotidienne. Ces artistes sont d'importants contributeurs à la fabrication collective locale, et les œuvres d'art populaires, ainsi que les différentes pratiques artistiques, sont des vecteurs primordiaux pour véhiculer la voix de leur communauté et façonner son espace social local.

Ainsi, cette exposition, intitulée « Archivage de l'Art Populaire dans les Bidonvilles de Nairobi », s'articulera autour de trois principales sections : « Le pouvoir de l'éducation artistique et de la création dans les bidonvilles », « L'écosystème culturel des jeunes artistes locaux » et « Parcours des pratiques artistiques à but non lucratif local ». Elle mettra l'accent sur les multiples dimensions des pratiques artistiques et des œuvres liées aux bidonvilles de Nairobi, au Kenya. Nous espérons, à travers cet archivage, offrir une perspective continue, à la fois dans le temps et l'espace, afin de rendre plus visible la situation de l'éducation artistique locale, la création artistique des artistes, leur évolution professionnelle ainsi que les initiatives artistiques à visée sociale. Ce faisant, nous cherchons à explorer les possibilités de libérer davantage de potentiel au sein du contexte socio-culturel particulier des bidonvilles.

Selon la théorie de Boris Groys, « Les archives sont souvent interprétées comme un moyen de conserver le passé - de présenter le passé dans le présent. Mais en même temps, les archives sont des machines pour transporter le présent vers l'avenir. » L'un des principaux fonds d'archives de cette exposition concerne les œuvres d'art des artistes de Nairobi et des enfants des bidonvilles, considérées comme des supports d'archives non-historicistes. Comme le dit Groys, "l'art façonne l'avenir par sa persistance". Conservés dans les archives de cette exposition, ils nous guident vers une décontextualisation et une représentation des phénomènes individuels, nous permettant de plonger profondément dans les expériences et expressions individuelles des créateurs locaux, et ainsi de prolonger leur potentiel de façonnage de l'avenir. Le deuxième ensemble d'archives principales se présente sous la forme de supports historiques textuels et visuels. Ils documentent les données primaires, les observations sur le terrain, ainsi que les expériences immersives de longue durée menées par l'organisation à but non lucratif Dream Building Service Association (DBSA) dans le cadre de ses projets artistiques communautaires dans les bidonvilles depuis 2015. Comme l'a souligné Groys, "les pratiques façonnent l'avenir par leur disparition". Dans cette exposition, les pratiques passées et terminées seront ravivées par leur archivage, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités pour l'avenir.

Le lieu d'exposition, situé en périphérie de Paris, est entouré de nombreux membres de communautés défavorisées et de groupes d'actions sociales. Nous espérons que les visiteurs apprécieront non seulement les œuvres d'art de Nairobi, mais ressentiront également les efforts déployés par les artistes locaux et les enfants des bidonvilles dans les domaines de l'éducation artistique, du développement communautaire et des initiatives sociales. L'objectif est de susciter une réflexion sur le rôle transformationnel de l'art dans les communautés défavorisées.

Maison Bleue - Porte Montmartre
24 Av. de la Porte de Montmartre, Paris

Du vendredi 15 au jeudi 21 septembre 2023

Gratuit(Réservation conseillée)
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